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L’AFEX demande aux gouvernements africains de s’attaquer à l’impunité croissante pour les crimes contre les journalistes

Introduction

La huitième assemblée générale du Réseau Africain de la Liberté d’Expression (AFEX) s’est tenue à l’hôtel Radisson Blu de Lusaka, en Zambie, les lundi 26 et mardi 27 septembre 2022. L’AFEX est un réseau d’organisations africaines de défense de la liberté d’expression et de développement des médias qui sont membres du Réseau Mondial de Libre Expression, l’IFEX.

La réunion a été organisée par l’organisation hôte du secrétariat d’AFEX, la Fondation des Médias pour l’Afrique de l’Ouest (MFWA), et a été présidée par le président du comité directeur d’AFEX, M. Edetaen Ojo, directeur exécutif de Media Rights Agenda (MRA). Des délégués représentant 12 organisations membres d’AFEX d’Afrique de l’Ouest, de l’Est, du Centre et du Sud, y ont assisté. Étaient également présents des représentants du réseau mère d’AFEX, le réseau mondial de libre expression (International Freedom of Expression Exchange, IFEX), à savoir Reyhana Masters, rédacteur régional de l’IFEX en Afrique, Elizabeth Rivera Rivas, directrice des communications de l’IFEX, et Nazarene Njeru, coordonnateur de l’engagement du réseau de l’IFEX.

Les délégués ont échangé sur la manière de répondre au taux croissant des attaques contre les journalistes dans de nombreuses régions d’Afrique. Ils ont également abordé la culture bien ancrée de l’impunité pour ces crimes contre les journalistes dans de nombreux pays d’Afrique. Ils ont discuté des mécanismes de surveillance et d’établissement de rapports aux niveaux national et régional afin de promouvoir la sécurité des journalistes et l’accès à l’information publique. Ils ont par ailleurs, exprimé leur inquiétude quant au niveau alarmant de la désinformation, des coupures d’Internet, des attaques contre les journalistes, des cadres réglementaires contre-productifs, entre autres.

Les participants à la réunion ont également discuté des processus électoraux en Afrique dans le contexte des contraintes accrues qui pèsent sur la liberté d’expression et la liberté des médias avant et pendant les périodes de scrutin. Ils ont également examiné l’impact de ces situations sur la tenue d’élections libres, équitables et crédibles dans les pays africains.

Les délégués ont réfléchi à la manière d’amener les gouvernements et les autres parties prenantes au processus électoral, à respecter les instruments en vigueur ainsi que les normes et standards pertinents établis par l’Union africaine et ses organes.

La réunion s’est terminée par un dialogue de trois heures entre les membres d’AFEX, les représentants de plusieurs organisations de défense de la liberté d’expression d’Afrique et d’ailleurs, et la rapporteuse spéciale sur la liberté d’expression et l’accès à l’information en Afrique, la commissaire Ourveena Geereesha Topsy-Sonoo. La discussion a porté sur la façon de renforcer la collaboration entre les organisations de la société civile et la Rapporteuse spéciale ainsi que la Commission africaine des droits de l’homme et des peuples afin de sauvegarder et de soutenir les droits à la liberté d’expression en Afrique.

Remarques et recommandations

 

Les délégués :

  • Demandent aux gouvernements africains d’entamer le processus d’abrogation ou de modification, si nécessaire, des diverses lois, réglementations, protocoles et autres mesures adoptées en réponse à la pandémie de COVID-19 qui ont imposé différents degrés de restrictions aux droits et libertés fondamentaux de leurs citoyens, en particulier les droits à la liberté d’expression, à la liberté des médias, à l’accès à l’information, à la vie privée et aux droits numériques.

 

  • Sont résolus à mieux exploiter le mécanisme spécial que constitue la Commission, notamment en sensibilisant davantage le public sur son existence et ses activités ou décisions ; en renforçant le plaidoyer autour des questions préoccupantes afin de les porter à l’attention du Rapporteur spécial et de la Commission. En outre, en documentant les cas de violation du droit à la liberté d’expression et en les portant à l’attention du Rapporteur spécial, en soumettant des rapports parallèles aux rapports périodiques présentés par les gouvernements, entre autres mesures.

 

  • Expriment leur inquiétude face à la détérioration de l’environnement de la liberté des médias et de la liberté d’expression en Afrique, comme en témoigne la recrudescence des attaques contre les journalistes et des violations de leurs droits au Nigeria, en Ouganda, en République démocratique du Congo, au Zimbabwe, en Afrique du Sud, en Éthiopie, au Tchad, au Somaliland, en République centrafricaine, au Togo, au Lesotho, au Bénin, au Mozambique, en Tanzanie, au Mali, en Angola, en Éthiopie, au Cameroun, en Ouganda, en Guinée, au Zimbabwe, au Sud-Soudan et en Guinée-Bissau, entre autres.

 

  • Condamnent la répression des voix critiques de la société civile par des actions allant des meurtres et autres attaques physiques, des menaces, des arrestations et détentions arbitraires, à l’utilisation d’amendes paralysantes pour étouffer les médias indépendants. Cela va jusqu’à la suspension générale des licences d’un grand nombre de stations de radiodiffusion afin de les empêcher d’émettre.

 

  • Condamnent également les cas récurrents de perturbation intentionnelle généralisée de l’accès à l’Internet, aux réseaux sociaux et aux services de téléphonie mobile par les gouvernements ou les autorités de régulation. Ces perturbations résultent de mesures telles que le blocage de l’accès à ces réseaux, la limitation des débits et d’autres formes de coupures de réseau dans de nombreux pays, notamment l’Éthiopie, le Burkina Faso, le Tchad, le Sénégal, le Sud-Soudan, le Soudan, l’Ouganda et l’Algérie.

 

  • Appellent le gouvernement de l’Ouganda à annuler un projet de loi visant à criminaliser l’utilisation abusive des réseaux sociaux.

 

  • Condamnent l’ingérence politique dans la réglementation de la radiodiffusion, l’arbitraire dans l’attribution et la révocation des licences de radiodiffusion, en particulier au Liberia, au Malawi et au Nigeria. Ils condamnent, en outre, le manque d’indépendance des autorités de réglementation de la radiodiffusion dans de nombreux pays d’Afrique.

 

  • Dénoncent l’approche draconienne de certains gouvernements qui révoquent ou annulent les licences d’un grand nombre de stations de radiodiffusion, sous prétexte de non-paiement des droits de licence. Cette approche a un impact négatif sur la liberté des médias et sur la capacité des populations des pays concernés à accéder à l’information par le biais des médias.

 

  • Exhortent les gouvernements africains à adopter de bonnes pratiques en matière de réglementation des médias en encourageant l’autorégulation des médias en général et en veillant à ce que les autorités de régulation du secteur de la radiodiffusion soient indépendantes et protégées de manière adéquate contre toute ingérence de nature politique, commerciale ou autre. Cela, conformément aux dispositions de la Déclaration de principes sur la liberté d’expression et l’accès à l’information en Afrique.

 

  • Appellent les gouvernements d’Afrique à promouvoir et à faciliter la mise en place de mécanismes nationaux multipartites sur la sécurité des journalistes et autres professionnels des médias. Ces derniers restent les principales victimes des violations de la liberté d’expression, tant au niveau national que régional.

 

  • Appellent les gouvernements d’Afrique à élaborer et à mettre en œuvre des réglementations et des politiques qui favorisent l’exercice et la jouissance des droits de l’homme sur l’internet, notamment pour assurer une connexion significative et abordable ainsi que pour combler le fossé numérique entre les sexes.

Adoptée à Lusaka, Zambie, le mardi 27 septembre 2022.

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