samedi, avril 20, 2024
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AFEX demande aux gouvernements de mettre fin à l’impunité pour les crimes contre les journalistes, de consolider l’Etat de droit et la démocratie

Chaque année, le monde entier accorde une attention particulière à la journée du 2 novembre, journée dédiée à la sensibilisation et à la demande de mettre fin à l’impunité des crimes contre les journalistes.

Le Réseau Africain des Organisations de la Liberté d’Expression (AFEX) se joint aux autres acteurs des droits de l’homme du monde pour discuter des questions cruciales de l’impunité pour les crimes contre les journalistes, en hausse, face à la détérioration des régimes démocratiques. AFEX demande aux gouvernements africains, de toute urgence, d’élucider les mystères entourant plusieurs incidents et cas d’assassinats de journalistes sur le continent et de traduire les auteurs en justice.

Pour cette seule année, de janvier à septembre, au moins 11 journalistes ont été tués sur le continent et documentés par AFEX.

Ces meurtres s’ajoutent à plusieurs autres perpétrés au fil des ans sur le continent, sans compter les centaines d’incidents de violations de la liberté de la presse et d’abus contre les journalistes. Ces violations vont de l’agression physique à l’arrestation et à la détention, en passant par la saisie et la destruction du matériel de travail, pour ne citer que quelques-unes des nombreuses catégories de mauvais traitements infligés aux journalistes qui ne font que leur travail d’information publique.

Au Nigeria par exemple, au moins huit journalistes ont été tués depuis 2017 jusqu’à ce jour. Le dernier incident d’assassinat a eu lieu en juin de cette année. À Ibadan, la capitale de l’État d’Oyo, dans le sud-ouest du Nigeria, des inconnus ont abattu Titus Eja Nla Badejo, un journaliste travaillant pour Naija FM. Les motifs du meurtre de Badejo n’ont pas encore été révélés. Il n’y a pas eu de rapports d’enquête approfondis et concluants pour mettre la main sur les auteurs de ce meurtre de sang-froid et les traduire devant la justice.

Au Ghana, deux ans se sont écoulés depuis le meurtre d’Ahmed Hussein Suale, un journaliste travaillant avec le journaliste d’investigation Anas Aremeyaw Anas. Suale a été tué le 16 janvier 2019 à Accra par des inconnus armés. Le rapport de l’enquête n’a pas encore été produit et les commanditaires de ce crime doivent rendre des comptes.

En Éthiopie, le 9 mai 2021, deux hommes armés non identifiés à Dembi Dollo, dans la région d’Oromia, ont tué Sisay Fida, un journaliste travaillant pour Oromia Broadcasting Network. Alors que l’Éthiopie est empêtrée dans le conflit du Tigré, la sécurité et la protection des journalistes sont en grand danger.

Au Kenya, le 7 avril 2021, Betty Mtekhele Barasa, une journaliste travaillant pour la Kenya Broadcasting Corporation (KBC), a laissé derrière elle ses enfants et sa famille. Elle a été tuée de sang-froid devant sa famille à cause de son travail de journaliste. Ses enfants et son mari portent durant toute leur vie des cicatrices de la peur et de traumatismes émotionnels.  Jusqu’à présent, il n’y a pas eu de rapport d’enquête concluant pour la rendre justice et tenir pour responsables les auteurs de ce crime contre cette femme journaliste.

Les cas ci-dessus ne sont que quelques exemples parmi plusieurs autres sur le continent. Les parents, les proches et les collègues des journalistes assassinés attendent toujours la justice. Comme le dit le proverbe, justice différée est justice refusée. Et le déni de justice enhardit de plus en plus les auteurs de crimes contre les journalistes, encourage les meurtriers potentiels et envoie un signal inquiétant au public, à savoir que les autorités publiques échouent terriblement à accomplir leurs devoirs régaliens, gardiens et promoteurs des principes fondamentaux de la démocratie, qui sont, entre autres, la liberté et la justice.

Selon l’UNESCO, en 2020, 13 % des incidents de crimes contre des journalistes signalés par les États membres ont été résolus par la procédure judiciaire jusqu’à leur terme. Cela représente une légère amélioration, par rapport à 12% en 2019 et 11% en 2018.

Cependant, ces résolutions judiciaires réussies de crimes contre les journalistes représentent une maigre partie observable de l’iceberg des crimes contre les journalistes, un problème inquiétant pour la liberté de presse et d’expression.

Si ces crimes contre les journalistes, continuent et restent non élucidés et que leurs auteurs ne sont pas amenés à faire face aux conséquences de la rigueur de la loi, cela portera un coup au système démocratique et à l’état de droit.  L’incapacité à rendre justice aux journalistes assassinés est l’échec du système démocratique. Cela signifie que les sans-voix sont sans défense, et que toute voix qui s’élève pour dénoncer les maux de la société peut craindre pour sa vie.

AFEX appelle donc les gouvernements et les autorités du continent à s’attaquer au problème des crimes contre les journalistes, en accélérant les enquêtes sur ces crimes et en traduisant les coupables en justice pour servir de dissuasion à tous les violateurs potentiels de la liberté de la presse.

En outre, AFEX demande aux autorités d’incorporer dans les programmes de formation des institutions de sécurité et de l’armée, le rôle important des médias et des journalistes dans une société démocratique en tant que promoteurs de l’état de droit et de la transparence, de la responsabilité et de la bonne gouvernance.

AFEX exhorte également les médias et les journalistes à mettre en place les mesures et protocoles de sécurité nécessaires, et à développer de plus en plus une conscience sécuritaire.

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