Le Réseau Africain de la Liberté d’Expression (AFEX) demande aux autorités éthiopiennes de rendre justice en poursuivant jusqu’à sa conclusion logique les auteurs du meurtre horrible d’un journaliste couvrant le conflit du Tigré en Éthiopie.
Nous demandons également que les autorités rappellent à l’ordre les forces de sécurité qui ont attaqué, arrêté et détenu d’autres journalistes faisant leur travail d’information publique sur le conflit en Éthiopie.
Au cours des trois derniers mois, les forces de sécurité éthiopiennes ont tué un journaliste, arrêté et détenu au moins 4 journalistes couvrant le conflit dans les États du Tigré, tandis qu’une femme journaliste a été menacée de mort.
Le 19 janvier 2021, Dawit Kebede Araya, un journaliste travaillant pour le média public Tigray TV, a été tué par balles alors qu’il rentrait chez lui à Mekelle, la capitale de l’État du Tigré. L’ami d’Araya, Bereket Berhe, qui était avec lui dans la voiture, ainsi que deux autres personnes, ont également été tués dans l’attaque. On ignore toujours où se trouvent les deux autres personnes qui se trouvaient dans la voiture avec le journaliste et son ami. La raison pour laquelle le journaliste a été tué n’a pas été établie.
Cependant, une série d’incidents suggère qu’il a pu être pris pour cible par les forces de sécurité en raison de sa couverture du conflit dans l’État du Tigré.
Le 18 janvier, un jour avant sa mort prématurée, Dawit était censé se présenter à un poste de police local sur convocation des forces de sécurité. Deux jours avant cette convocation, il a été interrogé sur la couverture du conflit du Tigré par son média. Le Conseil éthiopien des droits de l’homme a affirmé dans une déclaration que Dawit et son ami ont été tués par des forces de sécurité gouvernementales non identifiées pour avoir violé le couvre-feu dans la région.
Par ailleurs, les autorités ont fermé Tigray TV pendant plusieurs semaines vers la fin de l’année 2020 en raison de leur couverture du conflit qui a éclaté en novembre 2020.
Toujours dans le cadre du conflit du Tigré, des agents de sécurité ont attaqué Lucy Kasa de Tigré TV et l’ont menacée de mort. Les forces de sécurité ont fait irruption à son domicile, ont fouillé sa chambre pendant deux heures et l’ont interrogée sur sa couverture du conflit et ses liens présumés avec le Front de libération du peuple du Tigré, un parti politique impliqué dans le conflit. Lucy a le sentiment que sa vie est en danger.
Plus tôt, le 27 février, Fitsum Berhane et Alula Akalu, qui travaillent comme traducteurs pour l’Agence France Presse (AFP) basée en France, ont été arrêtés et détenus par l’armée.
Tamrat Yemane, qui travaille pour le Financial Times en tant que reporter et fixateur local, a également été arrêté par les forces militaires dans la région du Tigré à la même date du 27 février.
Berhane, Akalu, Yemane et Gebru ont été arrêtés par les forces militaires. Mais l’AFP cite Mulu Nega, le chef de l’administration provisoire de l’État du Tigré, qui a déclaré que Fitsum et Akalu étaient “sous enquête”.
Le 1er mars, Girmay Gebru, un reporter travaillant pour le service en langue tigrinya de la BBC, a été arrêté à Mekelle, la capitale de l’État du Tigré.
Pendant ce temps, les autorités n’ont toujours pas répondu aux appels à l’enquête et à la justice pour le meurtre du journaliste Dawit Kebede Araya et la descente de police à la résidence de Lucy Kasa.
Le 3 mars, les traducteurs et les journalistes arrêtés ont été libérés sans charges. Mais l’accès des médias à la région du Tigré, la sécurité et la sûreté des journalistes travaillant dans l’État et couvrant le conflit restent difficiles.
Bien que le gouvernement éthiopien ait autorisé, le 24 février, l’accès à la région du conflit à sept médias internationaux, cette autorisation semble être une façade.
Depuis l’éclatement du violent conflit dans la région du Tigré, les forces de sécurité ont tenté de contrôler l’accès à l’information et la publication des médias dans la région.
En outre, le parti politique au pouvoir impliqué dans les conflits tente également d’interférer avec les médias qui couvrent le conflit de manière indépendante.
Le 26 février, un responsable du parti au pouvoir, Habtay Gebreegziabher, aurait réprimandé les médias pour avoir couvert à tort le conflit du Tigré.
Bien que l’AFEX se réjouisse de la libération des traducteurs et des journalistes, nous demandons aux autorités de mener une enquête sur le meurtre du journaliste Araya et de traduire les coupables en justice. Nous demandons également que les autorités assurent et garantissent la sécurité et la protection des journalistes qui font leur travail d’information publique autour du conflit du Tigré et à travers le pays.