vendredi, mars 29, 2024
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Les autorités somaliennes doivent mettre un terme au harcèlement judiciaire du journaliste Abdalle Ahmed Mumin

Le Réseau Africain de la Liberté d’Expression (AFEX) condamne fermement la détention prolongée et le harcèlement du défenseur somalien des droits des médias, Abdalle Ahmed Mumin, et appelle les autorités somaliennes à abandonner toutes les accusations portées contre lui.

Cela fait plus de 90 jours que le harcèlement judiciaire et la persécution du cofondateur et secrétaire général du Somali Journalists Syndicate (SJS) ont débuté. La deuxième audience de cette affaire qui porte gravement atteinte à la liberté de la presse et à la sécurité des journalistes en Somalie s’est achevée après que le tribunal régional de Banadir a renvoyé l’affaire au 19 janvier 2023.

Lors de la deuxième audience tenue le 15 janvier 2023, Abdalle a protesté contre la violation flagrante de ses droits en posant une série de questions, notamment sur les raisons de sa détention sans aucun mandat judiciaire et sur celles de sa détention dans la prison souterraine de Godka Jila’ow qui, selon le gouvernement somalien, avait été fermée.

« Pourquoi me détenir sans mandat ? Pourquoi à Godka Jila’ow malgré l’affirmation précédente de la fermeture de la célèbre prison souterraine ? Pourquoi me détenir au C.I.D. alors que la police ne m’a pas arrêté ? Pourquoi les trois accusations ont-elles été inventées 45 jours après ma détention ? Pourquoi moi seul parmi cinq autres organisations de médias ?  Pourquoi cette affaire est-elle retardée depuis 4 mois maintenant sans raison valable ? » a-t-il interrogé la cour.

La procédure judiciaire à l’encontre de Mumin perdure depuis le 11 octobre 2022, date à laquelle il a été arrêté à l’aéroport international Aden Adde de Mogadiscio, la capitale, par des agents de l’Agence nationale de renseignement et de sécurité (NISA) alors qu’il s’apprêtait à prendre un vol pour Nairobi. Il a été arrêté peu après avoir publié sur son compte Twitter une vidéo de vidéosurveillance, qui aurait été prise la nuit précédente dans les locaux du bureau du SJS à Mogadiscio, montrant des forces de sécurité tentant de s’introduire dans le bureau.

Dans une déclaration officielle publiée par le ministère de l’Information, de la Culture et du Tourisme le 12 octobre 2022, il était indiqué qu’Abdalle était détenu pour des raisons de sécurité.

« Suite à un échange avec le Bureau national des poursuites, le ministère a été informé qu’Abdalla Mumin est entre les mains des forces de police somaliennes et qu’il est détenu pour des motifs liés à la sécurité. Le ministère confirme donc qu’Abdalle Mumin ne fait l’objet d’aucune accusation liée à son travail de journaliste », peut-on lire dans le communiqué.

Les autorités ont détenu Mumin pendant plusieurs jours avant de le libérer sous caution. Il a été à nouveau détenule 18 octobre 2022 et libéré sous caution pour la deuxième fois le 26 octobre en raison de la détérioration de son état de santé pendant sa détention.

Les avocats d’Abdalle ont indiqué que les procureurs du bureau du procureur général l’avaient inculpé en vertu de l’article 219 (outrage à la nation ou à l’État), de l’article 321 (incitation à la désobéissance aux lois) et de l’article 505 (non-respect des ordres des autorités) du code pénal somalien.

Le harcèlement judiciaire de Mumin a suscité l’indignation générale dans le pays. De nombreuses organisations de défense des droits de l’homme et des médias ont dénoncé les violations répétées des droits d’Abdalle et les conditions posées par le ministère de l’Information le 15 novembre 2022, en guise d’alternative à l’abandon de toutes les charges retenues contre lui. Plus précisément, le ministère a demandé, entre autres conditions, qu’Abdalle Mumin abandonne son travail de défense des médias et renonce à toute critique future des autorités avant que toutes les charges retenues contre lui ne soient abandonnées. Cependant, Abdalle Mumin et les défenseurs des médias ont refusé ces conditions qu’ils considèrent comme « inacceptables et illégales ».

L’AFEX est consterné par le harcèlement judiciaire d’Abdalle et les conditions scandaleuses imposées pour sa remise en liberté. Tout en joignant nos voix à celles des médias et de la communauté internationale pour condamner cette attaque éhontée contre les droits du journaliste, nous exhortons les autorités somaliennes à abandonner toutes les charges contre lui. Les autorités doivent cesser de restreindre la liberté de la presse légitime et la liberté d’expression sur la base d’allégations de sécurité nationale.

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