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Les Autorités Tchadiennes Doivent s’Abstenir de Perturbations Répétées d’Internet Pendant les Elections

À l’approche de la campagne pour les élections présidentielles au Tchad, les autorités ont perturbé l’Internet le 28 février 2021 et ont tenté de restreindre l’accès aux médias sociaux. Il s’agit d’une nouvelle violation injustifiée de la liberté d’expression en ligne.

AFEX condamne cette énième coupure d’internet au Tchad, dont les élections présidentielles sont prévues pour le 11 avril 2021, et appelle les autorités tchadiennes à s’assurer que l’accès à l’internet est maintenu avant, pendant et après les élections.

La coupure de l’internet, non seulement, viole la liberté d’expression et l’accès à l’information, mais aussi nuit également à l’économie du pays concerné et aggrave les difficultés de millions de personnes qui dépendent de l’internet pour leurs activités quotidiennes.

La perturbation de l’accès aux médias sociaux tels que WhatsApp, Twitter, Facebook, Instagram et YouTube au Tchad n’est pas à sa première édition.

Avant la perturbation d’Internet le 28 février, les partis d’opposition du pays ont organisé une manifestation d’envergure nationale la semaine dernière pour protester contre la candidature du président Idriss Deby Itno à un cinquième mandat. Selon les médias, la manifestation de l’opposition a été largement couronnée de succès, les magasins, les écoles et les entreprises avaient fermé leurs portes et la circulation était vide.

Entre 2018 et 2019, les autorités tchadiennes ont restreint l’accès à Internet et aux médias sociaux pendant au moins 470 jours. Le gouvernement a invoqué des « raisons de sécurité » pour tenter de justifier ces perturbations.

De même, les journalistes au Tchad travaillent dans la peur et s’autocensurent généralement, évitant anxieusement de critiquer ouvertement le gouvernement et les proches collaborateurs du président Idriss Deby Itno. Les critiques des médias à l’encontre des représentants de l’État entraînent souvent la fermeture des médias. Les journalistes sont souvent la cible d’attaques, d’agressions brutales, d’arrestations et de détentions par les forces de sécurité.

Par exemple, le 27 novembre 2020, les forces de sécurité ont fait irruption dans les bureaux de Visionnaire Media Groupe et de Radio FM Liberté à N’Djamena.

Au moins 70 personnes, dont 20 journalistes, ont été arrêtées alors qu’elles participaient à une formation sur les médias dans les locaux de Radio FM Liberté. Les journalistes ont été détenus pendant plusieurs heures puis relâchés sans qu’aucune charge ne soit retenue contre eux.

Le Tchad, sous la présidence d’Idriss Déby Itno, qui a pris le pouvoir en 1990, a organisé cinq élections sans transition du pouvoir. Le président Itno se présente pour un sixième mandat sous les couleurs du parti Mouvement patriotique du salut. Vingt-trois autres candidats ont déposé leur dossier de candidature à l’élection présidentielle, selon la commission électorale nationale.

Plusieurs analystes politiques ont déclaré qu’en raison du rétrécissement de l’espace civique, les élections prévues le 11 avril semblent n’être qu’une cérémonie, un processus électoral de façade qui se soldera probablement par le renouvellement du mandat du président Itno.

AFEX considère que la coupure de l’Internet ne peut être justifiée en aucun cas et qu’il s’agit d’une mauvaise décision, surtout en cette ère de pandémie où l’accès à Internet s’est avéré fondamental pour garder les gens en contact et les entreprises sur la bonne voie. Le recours à la coupure d’Internet pour réprimer les protestations publiques et les manifestations sociopolitiques témoigne d’un mépris imprudent pour le bien-être des citoyens.

La fermeture de l’internet et le blocage de l’accès aux médias sociaux avant les campagnes électorales compromettent davantage la capacité des gens à prendre des décisions éclairées et à participer au discours public. Une fois encore, les fermetures d’Internet liées aux élections privent les journalistes de l’accès aux sources d’information et jettent un doute sur la transparence et la crédibilité du processus électoral.

Par conséquent, les membres d’AFEX exhortent les autorités tchadiennes à maintenir l’accès à l’Internet avant, pendant et après les élections.

AFEX demande également aux autorités tchadiennes et aux forces de sécurité d’assurer la sécurité et la protection des médias et des journalistes qui font leur travail d’information du public, comme le prévoit la Constitution et conformément à plusieurs traités régionaux et internationaux ratifiés par le Tchad.

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