mercredi, avril 24, 2024
AccueilDroits numériquesLa Taxe sur les Réseaux Sociaux en Uganda Affaiblira la lutte contre...

La Taxe sur les Réseaux Sociaux en Uganda Affaiblira la lutte contre la COVID-19

Suite à l’éruption de la pandémie de coronavirus (Covid-19), les réseaux sociaux ont joué à l’échelle mondiale divers rôles et ont permis de combler entre autres le vide d’information et de fournir aux citoyens des canaux leurs permettant de demander des comptes et d’exiger la transparence des autorités dans la gestion des affaires publiques. En Ouganda, le gouvernement et d’autres organismes ont utilisé les réseaux sociaux comme l’un des moyens favorisant la diffusion des informations et les mises à jour sur les cas confirmés, la gestion de la pandémie au sein des centres de santé publiques, et les campagnes de sensibilisation sur les méthodes de prévention.

Cependant, l’efficacité des réseaux sociaux pouvant permettre d’atteindre un public plus large en Ouganda a probablement été minée par la taxe sur les réseauxsociaux que le ministère des Finances a introduite en juillet 2018. La taxe sur les services dits Over-the-Top (OTT) oblige les abonnés aux réseaux de télécommunications à payer quotidiennement une souscription afin d’accéder aux plateformes de réseaux sociaux, telles que Facebook, Twitter, Instagram et WhatsApp.

Malgré plusieurs demandes de suspension de la taxe pendant la période de cette pandémie, le gouvernement s’est entêté à la maintenir. Par conséquent, le gouvernement exclut à des segments de la population l’accès facile à l’information et aux ressources via les plateformes dont l’accès nécessite le paiement des taxes. Le mois dernier, le Président du Parlement a joint sa voix de celles de ceux qui exhortent le gouvernement à suspendre la taxe afin d’aider à la lutte contre la pandémie. Son appel a été lancé suite à la révélation par l’administration fiscale que la taxe OTT n’avait pas permis de mobiliser les fonds prévus, et au fait que le Ministre de l’Information et des Technologies de Communication a reconnu que l’initiative de la taxe devrait être révisé.

Le niveau de pénétration de l’internet en Ouganda est de 38 %, mais les recherches indiquent que de nombreux abonnés ont plus d’une souscription à Internet. Par conséquent, la proportion des citoyens qui utilisent Internet pourrait être beaucoup plus faible que 38 %. L’un des principaux défis relève du coût. En effet, un abonné moyen sur les réseaux de télécommunications en Ouganda dépense environ 10 500 UGX (2,8 USD) par mois sur les appels téléphoniques, SMS et Internet, cependant l’accès aux réseaux sociaux coûte chaque mois 1,6 USD en raison de la taxe OTT.

En effet, des taxes multiples et élevées sur le numérique reste un obstacle pour l’amélioration de l’inclusion non seulement en termes d’accès basic aux réseaux sociaux, mais aussi à l’utilisation du système de transfert des fonds par appareil mobile, aux services bancaires numériques, et à l’accès aux services électroniques publics.

Alors que toutes les formes de communication, y compris la radio, la télévision et dans certains cas, les haut-parleurs jouent un rôle essentiel qui consiste à informer les citoyens sur le Covid-19, les réseaux sociaux fournissent un canal précieux permettant de souligner les lacunes dans le système de santé publique, d’encourager la transparence, la redevabilité, la clarification et le suivie des cas – mais sa portée est limitée par la taxe OTT.

Au début du confinement en Ouganda, c’est par l’intermédiaire de messages sur les réseaux sociaux de l’universitaires et du satiristes, Dr Spire Ssentongo, que de nombreux citoyens ont découvert les défauts existants dans les processus de quarantaine des États. Certains des défauts étaient entre autres le coût excessif de l’hébergement pour les personnes en quarantaine, et la poursuite des activités et services de manières normales dans les hôtels désignés comme centres de quarantaine. Beaucoup d’autres citoyens ont également fait recours aux réseaux sociaux pour partager leurs expériences et préoccupations, et poser des questions auxquelles le ministère de la Santé a été forcé de répondre.

Le député de l’opposition Robert Kyaluganyi a par la même occasion utilisé son compte sur les réseaux sociaux en Mars pour lancer une vidéo éducative sur la pandémie. Dans l’intervalle de 10 heures suite à la publication, la vidéo a été vue 700 000 fois. Le député a ensuite twitté qu’il a reçu plusieurs demandes pour que la vidéo soit autorisée à être diffusé sur les chaines de télévision et joué sur les fréquences radio.

Au niveau gouvernemental, certains ministères clés ont des difficultés à utiliser de manière optimale leurs pages sur les réseaux sociaux et à rendre disponible sur leurs sites Web les informations de base. Par exemple, le site Web du Ministère de l’Éducation et des Sports ne dispose d’aucune information sur comment le secteur de l’éducation devrait faire face à la pandémie. En lieu et place d’une pareil approche, une série de tweets a été fait par le biais du compte de la Ministre de l’Education, Janet Museveni, indiquant un fichier PDF qui détaille certaines mesures que le ministère entreprend. Cependant, dans le document, aucune des mesures ne fait référence à l’utilisation de la technologie et les tweets manques d’indiquer où le contenu éducatif suggéré pourrait être trouvé en ligne.

Pourtant, certaines organisations ont démontré comment la technologie appui leurs efforts dans la lutte contre la Covid-19. Par exemple, un tweet de l’Autorité Fiscale de l’Ouganda (@URAuganda) a souligné comment l’investissement dans le Système Régional de Suivi des Cargaisons (RCTS) a contribué à intercepter un chauffeur de camion qui avait testé positif à la Covid-19. Le système a été lancé en 2017 pour faire le suivi des marchandises sous contrôle douanier du point de chargement vers les destinations au Kenya, au Rwanda et en Ouganda.

En 2017, le gouvernement a lancé la Vision Numérique de l’Ouganda, une politique nationale et un cadre stratégique visant à orienter la transformation numérique du pays et fournir une orientation unifiée pour le développement des TIC. La taxe sur les médias sociaux mine l’accès à l’information et aux services numériques. De plus, suit au fait que les principaux ministères ne tirent pas avantage des technologies numériques pour fournir des services publics essentiels, la Vision numérique semble ne pas être en mesure de tenir ses promesses.

Recent articles