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AFEX Appelle les Gouvernements Africains à Assurer la Sécurité des Journalistes et de Respecter les Droits Numériques

La Huitième Assemblée Générale du Réseau Africain de la Liberté d’Expression (AFEX), un réseau d’organisations africaines de défense de la liberté d’expression et de développement des médias qui sont membres du réseau mondial de défense de la liberté de la presse, IFEX, s’est tenue à Accra, au Ghana, du 25 au 26 juin 2021.

Cette réunion fait partie des événements majeurs du réseau AFEX qui se tiennent chaque année. L’Assemblée Générale de 2021 a été présidée par M. Edetaen Ojo, président du comité directeur d’AFEX, qui est également directeur exécutif de Media Rights Agenda (MRA). Des représentants de 11 des 15 organisations membres d’AFEX d’Afrique de l’Ouest, Orientale, Centrale et du Sud ont assisté à la réunion. Les membres d’AFEX présents à la réunion ont passé en revue les activités mises en œuvre par le réseau d’avril 2019 à mai 2021.

La réunion a discuté de l’impact paralysant de COVID-19 sur l’industrie des médias et a exprimé son inquiétude quant à l’ensemble des lois, règlements, protocoles et pratiques liés à COVID qui restreignent indûment la liberté d’expression, l’accès à l’information et les droits numériques en Afrique. La réunion a souligné l’importance de l’accès à l’internet à des coûts abordables pour tous, en tant que catalyseur essentiel d’autres droits, en particulier pendant la pandémie et ses suites.

La réunion a également examiné les menaces existantes et émergentes pour la liberté d’expression et la liberté des médias sur le continent et a discuté des stratégies pour les combattre.

Les participants ont profité de l’occasion pour échanger des connaissances et des expériences concernant la situation de la sécurité des journalistes dans les différents pays et sous-régions d’Afrique. Ils ont également discuté de la manière de relever les défis liés au droit à la liberté d’expression et à l’accès à l’information découlant de la lutte contre le COVID-19 et de la manière de faire face à l’ancrage de la culture d’impunité pour les crimes contre les journalistes dans de nombreux pays et dans pratiquement toutes les régions.

Les représentants des organisations membres participantes de l’AFEX ont résolu d’accroître la sensibilisation sur la nécessité pour les gouvernements africains de faire preuve de transparence dans la gestion des ressources allouées à la lutte contre le COVID-19 ; de mettre en place des mécanismes de suivi et de rapportage aux niveaux national et régional pour promouvoir la sécurité des journalistes et l’accès à l’information publique, entre autres.

Ces préoccupations, parmi d’autres, ont été contenues dans une Résolution adoptée par les membres d’AFEX à l’issue de la réunion.  Vous trouverez ci-dessous la résolution adoptée lors de la réunion dans laquelle les membres:

 

  • Ont exprimé leur inquiétude face à la détérioration de la liberté des médias et de l’environnement de la liberté d’expression en Afrique, comme en témoigne la recrudescence des attaques contre les journalistes et des violations des droits au Nigeria, en Éthiopie, au Cameroun, en République Démocratique du Congo, en Ouganda, en Guinée, au Zimbabwe, au Sud-Soudan et en Guinée-Bissau, entre autres, et la suppression des voix critiques de la société civile par des actions allant des meurtres, d’autres attaques physiques, des menaces, des arrestations et des détentions arbitraires aux amendes paralysantes et à la suspension des licences d’exploitation, en particulier pour les radios privées.

 

  • Ont dénoncé le recours croissant aux lois sur la cybersécurité et la cybercriminalité, la manipulation des lois antiterroristes ainsi que des réglementations liées au COVID-19 qui restreignent indûment le travail des médias, le harcèlement et l’emprisonnement de journalistes et de militants de la société civile dans le but d’étouffer les voix critiques dans divers pays et de compromettre la libre circulation de l’information.

  • Ont exprimé leur inquiétude face au phénomène des gouvernements africains qui perturbent les réseaux et les plateformes de médias sociaux ou l’ensemble de l’internet afin de réduire davantage au silence les voix critiques ou d’empêcher la mobilisation du public pour protester contre des décisions ou des politiques impopulaires en Éthiopie, au Niger, au Nigeria, au Tchad, en Ouganda, au Congo-Brazzaville, au Sénégal, en Algérie, au Burundi, en Égypte, en Guinée, au Kenya, au Mali, au Soudan et au Togo au cours des deux dernières années seulement.

 

  • Ils ont spécifiquement condamné la suspension indéfinie de Twitter au Nigeria et l’interdiction de Facebook en Ouganda, qui constituent une violation flagrante et injustifiable des droits des Nigérians et des Ougandais à la liberté d’expression et à l’accès à l’information.

  • Demandé aux gouvernements du Nigeria et de l’Ouganda d’annuler immédiatement et sans condition leurs décisions d’interdire l’accès à Twitter et Facebook et à toute autre plateforme de réseaux sociaux aux médias, aux journalistes et à la population en général, et de permettre à toutes personnes de jouir et d’exercer ses droits constitutionnels d’accès à l’information et de liberté d’expression en ligne, tels qu’ils sont inscrits dans les constitutions des pays et dans plusieurs autres traités et protocoles régionaux, continentaux et internationaux dont le Nigeria et l’Ouganda sont signataires.

 

  • Condamné les meurtres de journalistes à travers le continent, y compris le meurtre d’un journaliste somalien de radiodiffusion, Jamal Farah Adan, en mars de l’année, deux journalistes étrangers tués au Burkina Faso en mai dernier et au moins cinq tués au Nigeria depuis 2020 ainsi que le meurtre du journaliste ghanéen Ahmed Hussein Suale au Ghana en 2019.

  • Ont en outre condamné la tendance croissante aux disparitions forcées et l’incidence des journalistes « disparus » en Tanzanie et au Mozambique, comme le journaliste Ibrahimo Abu Mbaruco, disparu depuis le 7 avril 2020.

 

  • Condamné la répression meurtrière par les agents de sécurité des manifestations dans de nombreuses régions d’Afrique, y compris la répression violente des manifestants #EndSARS au Nigeria qui a entraîné la mort d’une douzaine de manifestants.

  • Ont en outre exhorté les gouvernements d’Afrique à mettre en place des mécanismes nationaux multipartites de coordination pour garantir la sécurité des journalistes et des autres professionnels des médias qui demeurent les principales victimes des violations de la liberté d’expression, tant au niveau national que régional.

  • Appelé les gouvernements en Afrique à travailler à la formulation et à la mise en œuvre de politiques qui favorisent l’exercice et la jouissance des droits de l’homme sur l’Internet et en particulier une connectivité significative et abordable ainsi que la réduction de la fracture numérique entre les sexes.

 

Les membres ont réélu M. Edetaen Ojo, directeur exécutif de Media Rights Agenda au Nigeria, au poste de président du Comité directeur d’AFEX pour une nouvelle période de deux ans. Ils ont également élu au comité directeur M. Samkelo Mokhine, directeur exécutif du Freedom of Expression Institute (FXI) en Afrique du Sud; Mme Mary Goch Ajith, présidente du conseil d’administration de l’Association of Media Development in South Sudan (AMDISS); et M. Sulemana Braimah, directeur exécutif de la Media Foundation for West Africa (MFWA) au Ghana.

Adopté à Accra, Ghana, ce samedi 26 juin 2021.

 

 

 

 

 

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